Brûlure d’estomac, reflux gastro-œsophagien, dysbiose, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, côlon irritable, intolérances alimentaires, ballonnement, constipation, diarrhée, … Les maux du système digestif sont nombreux et très fréquents.
Dans une situation non urgente, avant de prendre des médicaments ou même des remèdes naturels, il est intéressant de se pencher sur le processus de digestion et ses besoins propres.
En très simplifié la digestion se compose d’une partie mécanique et chimique, le tout soigneusement orchestré par le système nerveux. Or notre mode de vie a une très grande influence sur ces trois aspects. Voyons cela plus en détails…
La digestion mécanique
C’est le travail des dents et de la langue, le fait de mâcher, broyer et mélanger les aliments à la salive. La bouche n’est pas que la porte d’entrée du système digestif, elle est la première machine de la digestion. Son travail est de réduire les aliments en tout petits bouts, afin que les enzymes digestives puissent les dissoudre/digérer facilement. La salive a un rôle d’humidification des aliments utile pour que le bol alimentaire glisse mieux dans notre tuyauterie, mais contient aussi des enzymes qui commencent à digérer les glucides et les lipides. Si le travail de la bouche n’est pas fait correctement, c’est toute la chaîne digestive qui s’en trouvera impactée. Les organes suivants, l’estomac et le pancréas, devront rattraper le boulot, sauf qu’ils le feront « à perte » car ce n’est pas leur rôle premier, ils ne sont pas équipés pour et se fatigueront.
Finalement au lieu d’être digérés correctement et assimilés au niveau de notre intestin grêle pour nourrir notre corps, une partie des aliments passe tout droit et vient nourrir les bactéries et autres champignons qui vivent dans notre colon. Les signes que cette population est en train de se faire un festin royal sont les ballonnements, qui peuvent être douloureux, et les gaz en tout genre, odorants ou bruyants, parfois les deux. Cette surpopulation ou cette population déséquilibrée s’appelle la dysbiose.
Si les ballonnements se produisent peu de temps après le repas, c’est le signe que cette joyeuse population a eu tellement à manger qu’elle s’est agrandit à tel point qu’elle occupe le colon ET l’intestin grêle et elle se nourrit à nos dépends ! Parce que nous avons laissé filer cette bonne nourriture au lieu de s’en occuper convenablement !
Bon vous me direz « je partage ce n’est pas bien grave, en plus j’ai quelques kilos à perdre pour l’été », sauf que ce n’est pas si simple car le métabolisme de ces bactéries et champignons produit donc des gaz, mais aussi d’autres métabolites dont certains sont toxiques et peuvent notamment provoquer des dégâts locaux (inflammation, perméabilité intestinale, …) mais aussi perturber le cerveau, donner une sensation de brouillard mental, être cause de sentiment de fatigue. Ces toxiques donnent aussi beaucoup de travail au foie pour être éliminés du corps.
Ce n’est pas pour autant qu’il faille éradiquer cette population car elle synthétise aussi des éléments qui nous sont nécessaires comme la fameuse vitamine B12 mais aussi des acides gras à chaîne courte qui nourrissent la paroi intestinale, des enzymes, … Elle a aussi un rôle central dans la gestion de l’immunité, mais cela est une autre histoire…
Donc il nous faut des bonnes bactéries, en quantité appropriée, au bon endroit. Et pour cela la première chose à faire c’est prendre le temps de bien mâcher et pas juste le minimum suffisant pour faire passer la bouchée avec une gorgée d’eau ! En bref, aucun médicaments ou remèdes naturels ne remplacera le travail mécanique de la bouche.
Le système nerveux
Très schématiquement notre système nerveux est séparé en deux : un accélérateur qui est le système nerveux sympathique, responsable de l’activité, du mouvement, des réactions de survie en cas de stress, et le frein qui est le système nerveux parasympathique qui s’occupe de la digestion, des réparations et du repos.
Pour digérer notre corps a besoin d’être en mode parasympathique. Simplement parce que pour produire les sucs et enzymes digestives et faire avancer le bol alimentaire il faut une bonne quantité d’énergie et que le corps ne peut pas fournir de l’énergie pour la digestion et en même temps pour faire un jogging. Il fait un choix. Mais le sympathique étant lié au stress et aux réactions de survie, il prend souvent le dessus sur le parasympathique, poli qui laisse sa place… pour un certain temps du moins, mais cela est aussi une autre histoire …
Donc, comme pour la voiture, pour faire le plein on s’arrête ! Facile à dire avec notre mode de vie actuel !
Quelques « petits » trucs pour faire la place au parasympathique et le laisser faire son travail de digestion :
- Prendre une vraie pause au repas, d’au grand minimum une heure, à ne rien faire d’autre que se détendre et digérer
- Éviter au maximum les bruits durant la digestion
- Éviter de faire fonctionner son cerveau à mille à l’heure en scrutant tous les trucs stressants sur les réseaux sociaux ou ses mails
- Éviter de se remettre en activité avant une bonne heure, sauf éventuellement une activité toute douce comme une promenade digestive (pas une randonnée ou un footing !)
- Éviter le café ou tout autres excitants qui rangent le parasympathique au placard au profit du sympathique (ce n’est pas sympathique du tout !)
- Préférer une tasse d’eau chaude ou une tisane digestive qui va soutenir ou stimuler le parasympathique et la digestion
- Se coucher un moment sur le dos
- Respirer profondément pour relâcher le diaphragme et détendre toute la zone abdominale
- Se masser le diaphragme, sous les côtes, pour le détendre et rééquilibrer la balance sympathique/parasympathique
- Bailler, chanter
Si après tout cela vous salivez, c’est le signe que votre parasympathique parvient correctement à faire produire les sucs digestif ! Bravo !
La fatigue
Comme dit plus haut, le processus digestif demande une bonne quantité d’énergie, or quand on est fatigué, épuisé, cela ne se ressent pas que dans notre tête ou sur nos capacités physiques, la fatigue impact l’entier de notre corps, dans toutes ses fonctions : digestion, réparation, lutte contre les microbes, …
Donc, reposez- vous, respectez votre fatigue d’une part et d’autre part simplifiez vos repas. Plus vos repas seront simples, avec un minimum ingrédients, sans additifs divers, mieux vos aliments seront mâchés et moins ils demanderont d’énergie digestive. Les aliments crus, parce qu’ils contiennent leurs propres enzymes, malheureusement détruites à la cuisson, demandent peu d’énergie. En revanche les protéines demandent beaucoup d’énergie pour être digérées.
Les micronutriments
Certes les glucides (entres autres) sont le carburant de notre corps, mais rien ne peut être fait sans les vitamines et les minéraux. Ils interviennent partout : dans la production d’énergie par les mitochondries des cellules, la synthèse de nos enzymes, le remplacement des vieilles cellules au profit de nouvelles, … Or notre alimentation s’appauvrit du fait des modes de culture qui changent et l’industrialisation de l’alimentation. Les carences sont plus que fréquentes ! Privilégiez donc une alimentation proche de la nature, bio, non-raffinée, crue ou cuite en douceur.
J’espère que ces quelques conseils puissent vous apporter un début de soulagement si vous en avez besoin. Ensuite, bien sûr, il existe une foule de moyens pour aider la digestion : des enzymes digestives aux plantes sous leurs différentes formes, en passant par les micronutriments spécifiques et sans oublier les probiotiques. Le but étant toujours de trouver et traiter la cause pour relancer une fonction et non pas prendre un traitement pour faire taire un symptôme sans traiter le dérèglement sous-jacent.
1 réflexion au sujet de “Troubles digestifs”